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Deuxième séminaire de terrain du GT Biodiversité à la Tour du Valat en Camargue – 19-20 mai 2022

Mise à jour 09.06.22

           Le groupe de travail du PFE sur la biodiversité aquatique et les Solutions fondées sur la Nature, créé en avril 2018, s’est réuni en Camargue les 19 et 20 mai 2022, à la Tour du Valat. C’est la deuxième fois que le groupe organise une rencontre sur le terrain, après son premier séminaire à Rochefort et dans le Marais de Brouage en octobre 2020 (voir article ici). Ce séminaire a permis de rapprocher les membres afin de discuter de l’avenir du groupe de travail pour le prochain triennal dans une ambiance conviviale, tout en découvrant la Tour du Valat, qui est devenue membre du GT en 2021.

Le groupe de travail Biodiversité et Solutions fondées sur la Nature en visite de terrain dans les anciens salins de Camargue

 

           Zone humide de 150 000 hectares formée par le delta du Rhône, la Camargue est un puits de biodiversité qui comprend de nombreux milieux différents : littoraux sableux, lagunes et marais, “sansouires” ou steppes salées où sont traditionnellement cultivées des salicornes, et des rizières qui ont largement remplacé les forêts qui la composaient autrefois. L’hydrologie de la Camargue est très artificialisée : des digues ont été construites afin de protéger les cultures et les habitations des intrusions de la mer et des crues du Rhône, et de nombreux systèmes de pompage et d’irrigation ont été installés pour les biens de l’industrie des salins et, dans la deuxième moitié du XXe siècle, de la riziculture. C’est une région particulièrement menacée par le changement climatique : en effet, la diminution des précipitations et l’augmentation du niveau de la mer entraînent des intrusions d’eau salée qui tuent les végétaux, appelées « lunes de sel ».

Raphaël Billé, directeur du programme de la Tour du Valat, et Marie-Hélène Aubert, Présidente du GT Biodiversité et SfN du PFE, ouvrent le séminaire de terrain

19 mai 2022

Présentation de la Tour du Valat par Raphaël Billé et du projet de restauration des anciens salins de Camargue par Marc Thibault

 

           La Tour du Valat est un institut privé de recherche sur les zones humides Méditerranéennes créé en 1954 par Luc Hoffmann, naturaliste convaincu qui s’est beaucoup investi dans la protection de l’environnement. La Tour du Valat développe des programmes de recherche et de gestion intégrée dans le but d’apporter des réponses concrètes aux enjeux de la protection des zones humides sur le pourtour Méditerrannéen. Située au cœur de la Camargue, son domaine s’étend sur plus de 2 500 hectares et est en grande partie classé Réserve naturelle régionale.

 

           Le séminaire de terrain s’est donc déroulé dans ce cadre privilégié où plus de 80 employés, chercheurs, gestionnaires, ingénieurs et techniciens mènent au quotidien les projets de recherche et de gestion de la Tour du Valat, consultent son important centre de ressources documentaires, et interviennent pour la protection des zones humides dans toute la Méditerranée sur les cinq thèmes suivants :

  • Conservation des Espèces,
  • Ecologie de la Santé, 
  • Gestion et restauration des écosystèmes naturels et agricoles, 
  • Dynamiques des zones humides et gestion de l’eau, 
  • Interfaces Sciences & Société.

 

           La présentation de Marc Thibault, chef de projet Gestion et restauration de zones humides, a porté sur la restauration des anciens salins de Camargue, qui ont été acquis par le Conservatoire du Littoral entre 2008 et 2012, et qui sont maintenant gérés par la Tour du Valat, le Parc naturel régional de Camargue et la Société Nationale de la Protection de la Nature. 

Marc Thibault, chef de projet, présente au GT Biodiversité l’histoire et l’écologie des anciens salins

 

           Le delta de Camargue, milieu très dynamique, a été artificialisé au cours des siècles afin de limiter les impacts des crues du Rhône et des intrusions marines. Cette artificialisation a connu une accélération au milieu du XIXe siècle, avec la fondation des premiers salins et la construction d’une digue à la mer afin de protéger le village de Salin-de-Giraud. Les salins aménagés à partir des années 1950 impliquent un contrôle important des niveaux d’eau et de salinité, ce qui va à l’encontre du fonctionnement écologique naturel du milieu. 

 

           La gestion mise en place par la convention de 2011 vise à restaurer le fonctionnement hydrologique naturel et les écosystèmes côtiers de la zone, tout en mettant en place une gestion adaptative à l’élévation du niveau de la mer qui menace aujourd’hui le milieu, son écologie, et le village de Salin-de-Giraud. Pour cela, la Tour du Valat a rétabli les connexions entre les étangs et la mer qui avaient été coupées par les salins, ce qui permet de rétablir le fonctionnement naturel des écosystèmes et la colonisation spontanée par la faune et la flore. Cela implique aussi l’abandon des ouvrages en front de mer, notamment la digue à la mer au profit d’une zone tampon naturelle pour faire face au recul du trait de côte et à l’élévation du niveau de la mer. Ces changements dans le paysage et dans la gestion du trait de côte sont mal perçus par une partie des acteurs locaux, qui perçoivent ce non-entretien de la digue et la mobilité des écosystèmes comme une perte de protection contre la mer qui monte. 

 

  • Retrouvez la présentation de Raphaël Billé ici
  • Retrouvez la présentation de Marc Thibault ici, ainsi qu’une présentation des salins de Camargue par Marc Thibault lors du webinaire organisé par LPO ici

 

Visite de terrain dans les anciens salins

 

           Après le déjeuner pris dans la cantine de la Tour de Valat avec le reste de l’équipe, le groupe s’est rendu sur le site des anciens salins afin de constater des aménagements (et des non-aménagements) entrepris sur le littoral par la Tour du Valat et ses co-gestionnaires. 

Mouvements d’eau gravitaires moins maîtrisés dans les étangs et les lagunes, qui respectent les fluctuations naturelles et permettent la continuité écologique entre l’étang du Vaccarès et la mer

 

     

 

Abandon de la digue à la mer, qui entraîne la restauration d’un lido naturel, des sansouires et des salicorniaies au Nord du site

Le groupe écoute studieusement les explications de Marc Thibault tout en admirant les paysages de la Camargue

 

20 mai 2022

Réunion du groupe de travail et présentation du projet de libre évolution du Bois de Tourtoulen

           Le vendredi matin, le GT s’est réuni pour discuter du projet de plan d’action du PFE qui a été validé par le conseil d’administration et qui doit être adopté par l’Assemblée Générale le 10 juin prochain. 

           La réunion a aussi été l’occasion pour Marie-Hélène Aubert d’annoncer officiellement sa candidature à la présidence du PFE, et ainsi de lancer la période de candidature pour un nouveau ou une nouvelle Président du GT Biodiversité. Le secrétariat du PFE a émis l’idée de proposer à l’occasion de cette élection deux postes de co-présidents de GT, afin d’alléger la charge de travail et de permettre à des personnes encore en activité de se présenter. 

 

  • Retrouvez le compte-rendu de cette réunion ici

 

           Après la réunion, Patrick Grillas, ancien directeur du programme de la Tour du Valat, et Loïc Willm, ingénieur de recherche en Gestion des zones humides, ont présenté l’étude de cas du bois de Tourtoulen, une ripisylve (forêt qui se développe le long d’un cours d’eau) qui appartient au Conservatoire du Littoral et co-gérée par l’ONF et la Tour du Valat qui effectue la surveillance du site et le suivi écologique de ce milieu laissé en libre évolution.

           Tourtoulen a été exploité jusque dans les années 1960-1970 : les peupliers blancs y sont présents en grande quantité lorsque le Conservatoire acquiert la parcelle en 1990. La libre évolution du bois permet à la Tour du Valat d’étudier les dynamiques forestières naturelles d’une ripisylve, et en particulier les dynamiques de la régénération de la végétation dans les chablis (arbres déracinés et le trou qu’ils laissent dans la végétation alentour). 

Le bois de Tourtoulen est une ripisylve riche en biodiversité

           Depuis, le déclin progressif et naturel du peuplier blanc a été confirmé, mais les chercheurs ont aussi observé un développement très important du laurier noble qui est inattendu et peu documenté jusqu’à lors. 

  • Retrouvez la présentation de Patrick Grillas et de Loïc Willm ici

 

Visite de Tourtoulen et fin du séminaire

           L’après-midi, le groupe a pu visiter la ripisylve et admirer sa biodiversité très riche : le bois de Tourtoulen est un refuge pour nombre d’animaux, notamment des blaireaux, des castors, des hiboux grand-duc, des orvets fragiles, des chauves-souris et des papillons…

Le groupe de travail écoute les explications des experts sur la flore et la faune du bois de Tourtoulen

 

           Merci à la tour du Valat pour son accueil chaleureux et ses présentations passionnantes qui nous ont permis de découvrir les acteurs et les problématiques du territoire de la Camargue, avec ses défis et ses solutions. Le groupe a profité de cette parenthèse camarguaise pour approfondir des liens malmenés par la crise sanitaire et les réunions virtuelles, mais aussi pour élargir son réseau.

           Grâce aux visites de terrain, le groupe a pu prendre la mesure des opportunités qu’offrent la biodiversité aquatique et les Solutions fondées sur la Nature au pourtour méditerranéen et constater la vulnérabilité de ses milieux au changement climatique.

 

Pour aller plus loin :